Les lignes qui suivent se base sur mon résumé français du livre sur le stoïcisme "A guide to a good life" de William B. Irvine.
Si vous pouvez, je vous recommande vraiment de le lire. Si vous ne parlez pas anglais, apprenez l'anglais juste pour ce livre.
Je suis à ma quatrième relecture de ce bouquin, et à chaque fois, j'apprends quelque chose.
Bonne lecture!
L'apprenti stoïcien
Que voulez-vous de la vie?
Si vous répondez « me marier », gagner de l’argent ou avoir une belle maison... ce sont des choses que vous aurez durant votre vie... mais que voulez-vous DE la vie.
Dans les choses que vous poursuivez, qu’est-ce qui a le plus de valeur?
Beaucoup de gens rencontrent des problèmes à répondre à cette question. Après tout notre culture de la distraction ne facilite pas ce genre de réflexion.
Mais un grand objectif de vie est le premier élément à identifier pour développer une philosophie de vie. Car si vous n’avez pas de grand objectif de vie, vous manquerez de cohérence.
Sans philosophie de vie, le risque de s’égarer est grand. Malgré les distractions plaisantes... vous risquez de ne pas être satisfait de votre temps sur terre.
Et même si vous avez un grand objectif, vous risquez aussi de vous égarer... car il faut encore une bonne stratégie..
Et la stratégie est le deuxième élément d’une philosophie de vie vous permettant d’atteindre ce grand objectif.
Il est facile de trouver des experts pour être en bonne santé ou pour gérer ses finances.
Mais des experts pour ne pas gaspiller sa vie?
Dans ce cas il vous faut un philosophe de vie.
Qui vous aide à définir votre objectif de vie.... et la stratégie pour ne pas vous égarer.
Il y a beaucoup de philosophies différentes... mais une philosophe de vie?
C’est plus compliqué.
Il y a plusieurs centaines d’années... il y a avait beaucoup de philosophes de vie. Et ces philosophes partageaient leurs réflexions à l’école... et ne restaient pas dans des cercles d’initiés.
Plusieurs écoles de philosophie de vie ont existé, mais celle qui nous intéresse ici a été créée par Zénon de Kition.
Le Stoïcisme
Contrairement à beaucoup de courants philosophiques, le stoïcisme se doit pragmatique et ancré dans la réalité.
Certes, le stoïcisme et le bouddhisme ont des points en commun.
Par exemple les approches soulignent l’importance de contempler la nature transitoire du monde qui nous entoure et l’importance de maîtriser nos désirs.
Sans oublier l’importance de poursuivre la tranquillité.
Beaucoup pensent qu’être stoïque signifie être indifférent à ce qui se passe autour de nous... être cette personne qui n’a pas d’émotions.
Mais vous découvrirez que les stoïciens ne cherchent pas à bannir les émotions de leur vie... mais les émotions négatives.
Les pratiquants du stoïcisme étaient des gens énergiques, courageux, raisonnables et engagés.
Sénèque avait une école et était le conseiller de l’empereur. Marc Aurèle était empereur de Rome...
Pratiquer le stoïcisme demande des efforts, c’est évident, comme tout ce qui est important dans la vie.
Néanmoins, cela vous prendra moins de temps que la pratique du bouddhisme zen, qui nécessite de bloquer du temps pour méditer.
Le but du stoïcisme est de pouvoir pratiquer dans l’action ou en y passant peu de temps, comme préconisé par Sénèque, de faire une rétrospection de notre journée en attendant le sommeil.
Pratiquer le stoïcisme a un coût, mais il est important de considérer le coût de ne PAS avoir une philosophie de vie.
La montée du Stoïcisme
De tout temps des gens se sont demandé pourquoi nous existons.
D’où vient la planète?
Mais aux alentours de 600 avant Jésus-Christ, le pensée philosophique a fait un bond de géant.
Pythagore en Italie, Boudha en Inde, Confucius en Chine...
Ces philosophes sont apparus en même temps dans différents lieux.
Socrate a changé beaucoup de choses dans la philosophie. Avant lui les philosophes cherchaient à comprendre le monde. Après lui, les philosophes s’intéressèrent à la condition humaine.
Socrate était le premier à ramener la philosophie dans les chaumières.
Après Socrate, Platon fût intéressé dans les idées de Socrate, alors qu'Antisthène, dans la mise en pratique de celles-ci (dans la vie de tous les jours).
En Grèce et Rome antique, l’arrivée de la démocratie a permis à ceux qui pouvaient convaincre d’avoir de bonnes carrières politiques.
Pour cette raison, les parents aisés envoyèrent leurs enfants prendre des cours dans certaines écoles.
Il y avait le sophisme, pour gagner la rhétorique et réussir à convaincre.
Et avec de grandes responsabilités, de grands pouvoirs, les philosophes étaient également persuadés que pour bien vivre, il fallait apprendre aux enfants à bien vivre.
Aristote fut engagé par le roi Philippe de Macédoine pour enseigner à Alexandre le Grand l’art de vivre.
Les parents qui ne pouvaient pas s’offrir un philosophe privé envoyaient leurs enfants à l’école.
Aujourd’hui il n’y a plus d’école de philosophies et c’est une honte.
On peut certes apprendre la philosophie, mais pas celle applicable dans la vie de tous les jours.
Les religions vous diront ce qu’il faut faire pour avoir une bonne après-vie ou que faire pour être une bonne personne (ne pas voler, ne pas mentir, ne pas avorter..) Prier!
Mais les pasteurs ont de la difficulté à dire ce qu’il faut faire pour avoir une bonne vie.
Les religions ne voient pas de problème à ce que leurs adhérents achètent de grosses voitures tant qu’ils respectent les lois.
Ainsi beaucoup d’adhérents religieux vont finir dans la case de l’hédonisme (profiter de la vie) sans vraiment savoir comment se comporter au quotidien.
La plupart des religions ne demandent pas à leurs adhérents d’adopter une philosophie de vie.
Ce que cela signifie?
Vous pouvez être religieux, avoir suivi des cours de philosophie, et ne pas avoir une philosophie de vie (excepté de ne pas faire de mal aux autres).
Imaginez remonter à 300 avant Jésus-Christ... et vous pouvez avoir accès à une multitude de philosophies différentes:
- Le cynisme...
- L’épicurisme...
- Le scepticisme...
- L’hédonisme...
Et le stoïcisme... fondé par Zénon de Kition (qui pense qu’il faut profiter des bonnes choses de la vie tant que l’on ne s’agrippe pas à celles-ci).
Les premiers stoïciens
Zénon de Kition fut le premier stoïcien. Il vécut entre 333 et 261 av. J.-C..
Il commença par étudier le cynisme (qui consistait à vivre comme des sans-abris)
Le cynisme était porté par Antisthène et Diogène.
Diogène affirma qu’il est fou de choisir la folie lorsqu’on a la possibilité de choisir le contentement.
Il explique que les mauvais hommes obéissent à leurs désirs comme les servants obéissent à leurs maîtres.
Les valeurs des hommes sont corrompues et il affirme que le meilleur des amuse-bouche et la faim.
Après avoir étudié avec Cratès, Zénon décida de s’intéresser un peu plus à la théorie en alliant celle-ci au style de vie. Comme Socrate l’a fait.
Aux alentours de 300 av. J.-C., il créa son école qui rencontra un vif succès.
Au début, les participants portèrent le nom de Zénoniens, mais parce que Zénon enseignant dans le porche peint de la Stoa, rapidement les participants prirent le nom de stoïciens (étudiants le stoïcisme).
Ce qui rendit le stoïcisme populaire, c’est l’abandon des pratiques difficiles du cynisme afin de permettre aux stoïciens de profiter de la vie (tout en gardant à l'esprit que tout ce que l'on possède peut disparaître).
La philosophie de Zénon intègre l'éthique, la physique et la logique.
En commençant par la logique, puis la physique et ensuite l'éthique.
Pourquoi les stoïciens étaient intéressés par la logique? Parce que les parents envoyaient leur enfant pas uniquement pour apprendre à vivre, mais également à négocier.
Ainsi les enfants qui ont appris à la logique pouvaient voir les arguments fallacieux.
Ensuite la physique, à une époque où la science n'était pas évoluée comme maintenant, donnait un sens à la nature et aux dieux (de l'époque).
Le troisième élément est l'éthique, c'est aussi le plus important pour Zénon. Mais la conception de l'éthique de Zénon diffère de l'éthique d'aujourd'hui.
C'est important de garder cela en tête.
Aujourd'hui l'éthique consiste à savoir ce qui est bon ou mal. Mais l'éthique de Zénon consistait à développer un bon esprit, ou développer de la sagesse (cela se rapproche du concept l’eudémonisme (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude ») est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine).
Pour les stoïciens, il est possible d'avoir une mauvaise vie tout en ayant une bonne qualité de vie (salaire, etc.).
Donc que signifie avoir une bonne vie selon les stoïciens?
En développant de la virtuosité, c'est à dire, en faisant ce pour quoi un humain a été conçu. De vivre en accord avec la nature.
Selon Zénon, ce qui nous différencie des animaux, est notre capacité à nous raisonner. Nous ne sommes pas juste à la merci de nos désirs et pulsions.
Et parce que nous sommes de créatures sociales et raisonnées, nous avons le devoir vis-à-vis de nos semblables.
Par exemple, nous devrions honorer nos parents, être agréables envers nos amis et être intéressés par la société.
C'est ce devoir social qui incita Cato le stoïcien a être un élément actif dans la politique romaine (même si cela lui a coûté sa vie).
Les stoïciens utilisent une métaphore pour expliquer les trois composants de leur philosophie:
Le stoïcisme c'est comme un champ fertile, avec la logique comme barrière, l'éthique comme étant les cultures et la physique comme étant le sol.
Si nous vivons en parfaite harmonie avec la nature alors notre pratique du stoïcisme est parfaite, et nous serons ce que les stoïciens appellent un sage.
Un sage est libéré de la vanité parce qu'il est indifférent au rapport bon / mal. Il ne ressent jamais de chagrin, car il réalise que c'est irrationnel pour l'âme.
Sa conduite est exemplaire.
Mais cette presque impossibilité de devenir un sage ne doit pas nous empêcher de nous mettre en mouvement. Les stoïciens parlent des sages pour avoir un modèle.
En 140 av. J.-C. le stoïcisme a été importé à Rome.
Les Romains l'adaptèrent à leur besoin. Ils montrèrent moins d'intérêt dans la logique et la physique que les Grecs.
Marc Aurèle (l'empereur romain et dernier bon stoïcien romain) se congratule (dans ses méditations) de ne pas avoir perdu de temps en étudiant la logique et la physique.
Les stoïciens romains ont également modifié l'éthique... en plus de se comporter avec vertu, ils mirent en avant un deuxième objectif: la tranquillité d'esprit.
La tranquillité stoïque n'est pas un état de zombie, mais un état psychologique défini par l'absence d'émotions négatives tel que le deuil, la colère, l'anxiété et la présence d'émotions positives comme la joie.
Comme le dit Épictète: il faut poursuivre la vertu, car cela permet d'avancer vers la joie, le calme et la sérénité.
Une personne qui n'arrive pas à gérer ses émotions aura de la peine à faire ce que sa raison lui demande de faire: ses émotions triomphent sur sa raison.
Les gens n'ont pas besoin d'être convaincus de la valeur de la tranquillité. Les écoles de stoïcisme étaient en compétition, ce qui fait que la tranquillité a été mise en avant plutôt que la vertu (qui fait bâiller).
Les stoïciens romains
Les plus connus sont: Sénèque, Musonius Rufus, Épictète et Marc Aurèle.
Les contributions réalisées par ces 4 stoïciens sont complémentaires.
Sénèque est un excellent écrivain et les lettres qu'il a envoyées à Lucilius donnent une bonne introduction au stoïcisme.
Musonius est remarquable pour son pragmatisme: il donne des conseils sur la manière de manger, de s'habiller, comment vivre sa sexualité.
La spécialité d'Épictète est son analyse: il explique pourquoi le stoïcisme peut nous apporter la tranquillité.
Marc Aurèle nous permet de voir la pratique du stoïcisme via son journal. Et les solutions au problème du quotidien.
Techniques psychologiques stoïques
En cours de rédaction